Licenciement pour inaptitude en Belgique : droits, pièges et revenus en cas d’incapacité

Peut-on être licencié si l’on est déclaré inapte au travail ?

Quelles indemnités perçoit-on en cas de licenciement pour inaptitude ?

Et quels revenus ou allocations peut-on toucher après la rupture ?

Être déclaré inapte au travail bouleverse une vie professionnelle. Que cette inaptitude soit liée à une maladie, un accident ou une dépression, elle peut entraîner des conséquences lourdes, jusqu’au licenciement.

Pour connaître vos droits, faites vous accompagner par un avocat en droit du travail.

Dans cet article, nous passons en revue :

  • Ce qu’est réellement l’inaptitude au travail,
  • Les étapes légales à respecter avant un licenciement,
  • Les pièges fréquents à éviter,
  • Vos droits aux indemnités et aux allocations après la rupture.
  • Vos recours en cas de désaccord

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Maître Stéphane RIXHON

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Qu’est-ce que l’inaptitude au travail ?

L’inaptitude désigne la constatation médicale officielle qu’un salarié n’est plus apte à exercer sa fonction, de manière temporaire ou définitive.

En Belgique, c’est le médecin du travail qui évalue et déclare cette inaptitude, généralement à la suite :

  • d’un accident ou d’une maladie (physique ou mentale),
  • d’une visite de reprise après un long arrêt,
  • ou à l’occasion d’un examen de santé à la demande de l’employeur ou du travailleur.

On distingue :

  • L’inaptitude temporaire, où un retour est envisagé après guérison ou adaptation,
  • L’inaptitude définitive, où le salarié ne pourra plus occuper son poste, même avec aménagement.

Inaptitude pour dépression : une situation fréquente mais délicate

De plus en plus de travailleurs sont déclarés inaptes à cause de troubles psychologiques comme la dépression.
Cette pathologie, souvent invisible, peut entraîner une inaptitude prolongée, surtout si le poste est stressant ou peu compatible avec une convalescence.

Dans ce cas :

  • L’inaptitude est évaluée sur base de rapports médicaux, parfois complétés par un avis du médecin traitant ou d’un psychiatre.
  • L’employeur a l’obligation d’envisager un réaménagement raisonnable du poste (tâches allégées, horaires adaptés, environnement moins stressant), avant de parler de licenciement.

À noter : le refus d’adapter les conditions de travail en cas de dépression peut être considéré comme une faute de l’employeur, voire comme une discrimination indirecte fondée sur l’état de santé.

Le piège du licenciement pour inaptitude : ce que beaucoup ignorent

Ce que l’employeur est obligé de faire avant de licencier

Un salarié ne peut pas être licencié uniquement parce qu’il a été déclaré inapte à son poste. 

Avant d’envisager une rupture du contrat, l’employeur doit impérativement chercher une solution de reclassement.

Cela implique :

  • Consulter le médecin du travail pour évaluer les possibilités d’adaptation,
  • Envisager un aménagement du poste actuel (modification des horaires, tâches moins pénibles, environnement adapté),
  • Ou proposer un autre poste dans l’entreprise compatible avec l’état de santé du salarié.

S’il ne fait aucune de ces démarches, le licenciement pourra être considéré comme abusif, voire discriminatoire, surtout en cas de problème de santé reconnu comme un handicap (physique ou psychique).

Pourquoi le licenciement pour inaptitude peut devenir un piège

Beaucoup de travailleurs acceptent un licenciement pour inaptitude sans savoir qu’ils auraient pu bénéficier d’un reclassement ou d’un poste adapté.

Les pièges les plus fréquents :

  • Le salarié est « poussé vers la sortie » sans explication claire,
  • L’employeur prétexte une inaptitude pour se séparer d’un salarié en arrêt depuis longtemps,
  • Le travailleur ne reçoit aucune proposition d’aménagement, alors que la loi l’exige.

Certains acceptent aussi la rupture sans réclamer d’indemnité, pensant que leur état de santé les exclut de toute compensation. 

Or, l’inaptitude ne supprime pas vos droits au préavis ou à l’indemnité de rupture, sauf dans des cas très particuliers (force majeure constatée avec procédure médicale complète).

Licenciement pour inaptitude : procédure et conditions légales

Quand le licenciement est-il autorisé ?

Un employeur ne peut envisager un licenciement pour inaptitude qu’en dernier recours, c’est-à-dire après avoir épuisé toutes les possibilités de reclassement.

Le licenciement devient envisageable uniquement si :

  • Le médecin du travail a déclaré le salarié inapte de manière définitive à son poste,
  • Aucune adaptation raisonnable du poste n’est possible (selon l’employeur, validé ou non par le médecin du travail),
  • Aucun autre poste disponible dans l’entreprise ne correspond aux capacités restantes du travailleur.

Sans ces étapes, la rupture peut être jugée prématurée ou illégale.

Procédure à respecter par l’employeur

L’employeur doit :

  1. Notifier formellement le licenciement par écrit, en précisant clairement les raisons de la rupture.
  2. Soit respecter un préavis, soit verser une indemnité compensatoire de préavis, comme dans tout licenciement classique.
  3. Être en mesure de justifier ses démarches de reclassement, en cas de contestation.

En cas d’inaptitude liée à une maladie professionnelle ou à un accident du travail, des protections renforcées existent (voir partie suivante).

Cas spécifique : licenciement pour inaptitude après 50 ans

Le licenciement d’un travailleur inapte âgé de plus de 50 ans doit faire l’objet d’une attention particulière :

  • Les tribunaux du travail sont souvent plus stricts envers les employeurs dans ces situations.
  • À cet âge, les chances de reclassement externe sont réduites, ce qui oblige l’employeur à justifier encore plus clairement l’absence de solution interne.
  • Un licenciement mal justifié peut être interprété comme une double discrimination : liée à l’état de santé et à l’âge.

Conseil : Si vous avez plus de 50 ans et êtes déclaré inapte, n’acceptez jamais une rupture sans avoir vérifié vos droits avec un avocat ou un syndicat.

Indemnité de licenciement pour inaptitude : à quoi avez-vous droit ?

Indemnité classique ou compensatoire ?

Être déclaré inapte ne signifie pas renoncer à vos droits. 

En Belgique, un salarié licencié pour inaptitude a droit, sauf exception, aux mêmes indemnités qu’en cas de licenciement ordinaire.

Concrètement, cela signifie :

  • Si l’employeur met fin au contrat sans préavis, vous avez droit à une indemnité compensatoire de préavis.
  • Si un préavis est notifié mais ne peut pas être presté pour cause d’inaptitude, l’indemnité remplace la période non prestée.
  • Le montant est calculé en fonction de votre ancienneté et de votre rémunération mensuelle brute.

Même en cas d’inaptitude définitive, vous conservez vos droits à une indemnisation, à moins qu’il ne s’agisse d’une procédure pour force majeure reconnue médicalement (cas rare et très encadré).

Inaptitude d’origine professionnelle : une protection renforcée

Si votre inaptitude résulte :

  • d’un accident du travail, ou
  • d’une maladie professionnelle reconnue par Fedris (Agence fédérale des risques professionnels),

alors des droits spécifiques s’ajoutent :

  • Vous pouvez prétendre à une indemnité d’incapacité permanente,
  • L’employeur doit suivre une procédure encore plus rigoureuse avant de licencier,
  • Et vous pouvez bénéficier d’un accompagnement de réinsertion professionnelle (par le CPPT ou le service de prévention).

Dans ces cas, le licenciement sans justification complète peut ouvrir la voie à une action en justice pour non-respect des obligations légales.

Quel revenu lorsqu’on est inapte au travail ?

Avant ou après le licenciement : quelles aides sont disponibles ?

Quand un salarié est déclaré inapte, il peut percevoir différents types de revenus, selon sa situation médicale et administrative :

  • Pendant l’incapacité de travail, si le contrat est encore en cours :
    • Le salarié perçoit des indemnités de la mutuelle, généralement après le mois de salaire garanti.
    • Ces indemnités sont versées tant que le médecin-conseil confirme l’incapacité.
  • En cas d’inaptitude prolongée (au-delà d’un an), la mutuelle peut passer à un régime d’invalidité, avec un montant différent, calculé selon la situation familiale.
  • Si l’assurance groupe ou une couverture complémentaire est prévue, elle peut offrir un complément de revenu.

Et après le licenciement ?

Le licenciement ne met pas fin à la reconnaissance de l’inaptitude. 

Si le médecin-conseil continue à constater l’incapacité, les indemnités de la mutuelle sont maintenues, même après la rupture du contrat.

En revanche, si vous êtes déclaré apte (même partiellement) et que vous êtes sans emploi après le licenciement, vous pouvez demander des allocations de chômage.

Licenciement pour inaptitude : comment bénéficier d’une allocation de chômage ?

Vous pouvez prétendre au chômage après un licenciement pour inaptitude si vous êtes déclaré apte à reprendre un travail adapté.

Voici les conditions à remplir :

  • Être inscrit comme demandeur d’emploi auprès d’Actiris (Bruxelles), du Forem (Wallonie) ou du VDAB (Flandre),
  • Être jugé apte au travail par la mutuelle ou après réévaluation médicale,
  • Avoir suffisamment travaillé (conditions d’accès classiques à l’assurance chômage),
  • Et ne pas être sous certificat médical de maladie au moment de l’introduction de la demande.

Si vous êtes encore en incapacité de travail complète, vous ne relevez pas du chômage mais restez sous la protection du régime des incapacités de la mutuelle.

Licenciement pour inaptitude et discrimination : vos recours

Le licenciement pour inaptitude peut parfois masquer une autre intention, comme se séparer d’un salarié :

  • en arrêt maladie depuis longtemps,
  • jugé “moins productif” après un problème de santé,
  • ou trop âgé pour réintégrer efficacement l’entreprise.

Si l’inaptitude est utilisée comme justification apparente, alors que l’employeur n’a pas réellement exploré les possibilités de reclassement, cela peut constituer un licenciement abusif ou même discriminatoire.

Sont particulièrement à risque :

  • Les salariés en dépression ou souffrant de troubles psychiques,
  • Les travailleurs de plus de 50 ans, souvent perçus comme plus difficiles à reclasser,
  • Les salariés déclarés inaptes sans proposition d’aménagement raisonnable.

La loi belge interdit toute discrimination fondée sur l’état de santé, l’âge ou le handicap.

Quels recours en cas de licenciement injustifié ?

Si vous pensez que votre licenciement est injustifié, voici les démarches possibles :

  1. Demander par écrit la motivation du licenciement (dans les 2 mois suivant la notification).
  2. Constituer un dossier : rapport médical, correspondances avec l’employeur, propositions reçues (ou absentes), historique RH.
  3. Saisir le tribunal du travail, avec l’aide d’un avocat ou d’un syndicat.
  4. Demander :
    • soit une indemnité pour licenciement manifestement déraisonnable (entre 3 et 17 semaines de salaire),
    • soit, en cas de discrimination prouvée, 6 mois de salaire brut, voire plus selon le dommage.

Vous ne devez pas prouver que l’employeur a voulu vous discriminer : il suffit d’apporter des éléments sérieux laissant penser que l’inaptitude a été utilisée comme prétexte.

Être accompagné par un avocat à Bruxelles

Pourquoi consulter un avocat en droit du travail ?

Un licenciement pour inaptitude soulève souvent des questions complexes :

  • La procédure a-t-elle été correctement suivie ?
  • Le reclassement a-t-il été réellement envisagé ?
  • L’indemnité proposée est-elle conforme à vos droits ?
  • S’agit-il d’un licenciement abusif, voire discriminatoire ?

Un avocat spécialisé en droit du travail peut :

  • Examiner la légalité du licenciement,
  • Estimer les indemnités auxquelles vous avez droit,
  • Vous aider à constituer un dossier solide en cas de recours,
  • Vous représenter devant le tribunal du travail.

Il est recommandé de ne pas attendre pour consulter, surtout si vous recevez une lettre de licenciement peu claire, ou si vous suspectez une rupture précipitée.

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Lire aussi : Licenciement pendant l’arrêt maladie pour dépression : ce que dit la loi en Belgique

FAQ sur le licenciement pour inaptitude

1. Peut-on me licencier si je suis déclaré inapte au travail ?

Oui, mais uniquement si l’inaptitude est reconnue médicalement et qu’aucune solution de reclassement raisonnable n’est possible. L’employeur doit pouvoir prouver qu’il a respecté cette obligation avant toute rupture de contrat.

2. Ai-je droit à une indemnité en cas de licenciement pour inaptitude ?

Oui. Sauf cas très particulier (force majeure médicale), vous avez droit à une indemnité de préavis ou à son équivalent financier, comme pour tout licenciement. Des protections supplémentaires existent si l’inaptitude est liée à une maladie professionnelle ou un accident du travail.

3. Quel revenu vais-je percevoir si je suis inapte au travail ?

Vous percevrez :

  • Des indemnités de la mutuelle tant que l’incapacité est reconnue,
  • Puis éventuellement une allocation d’invalidité,
  • Ou, si vous êtes déclaré apte, une allocation de chômage, sous conditions.

4. Que faire si je pense que mon licenciement pour inaptitude est injustifié ?

Vous pouvez :

  • Demander la motivation écrite du licenciement,
  • Contacter un avocat ou un syndicat,
  • Introduire un recours devant le tribunal du travail,
  • Réclamer une indemnité pour licenciement abusif ou discriminatoire, si justifié.

5. Que faire si j’ai plus de 50 ans et que je suis déclaré inapte ?

L’employeur doit faire preuve de prudence renforcée dans votre cas. À cet âge, la rupture est plus sensible, et les tribunaux vérifient attentivement si toutes les obligations ont été respectées. Il est conseillé de se faire accompagner pour défendre ses droits.