Harcèlement moral en couple : comment le prouver en justice ?

La maltraitance psychologique au sein d’un couple ne laisse pas de traces visibles, mais ses effets sont bien réels : perte d’estime de soi, isolement, peur, confusion permanente. 

Ce type de violence reste difficile à identifier, à nommer… et surtout à prouver.

Vous vous demandez peut-être :

  • Comment prouver une emprise ou un harcèlement moral ?
  • Quelles preuves peuvent être retenues en justice ?
  • Comment réagir ou dénoncer une pression psychologique dans mon couple ?
  • Est-ce que mon avocat peut m’aider dans cette situation ?

Un avocat spécialisé en maltraitance psychologique et harcèlement moral peut vous aider à constituer un dossier.

Dans cet article, vous découvrirez :

  • Comment en reconnaître les signes concrets
  • Quelles preuves peuvent être utilisées pour la faire reconnaître
  • Comment agir sans se mettre en danger
  • Quelles sont les démarches juridiques possibles en Belgique
  • Le rôle d’un avocat et les possibilités d’aide juridique gratuite

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Maître Stéphane RIXHON

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Maître Eva DELVAUX

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Maître Julie Van Damme

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Compétences : Droit de la famille, droit du travail, Licenciement, Harcèlement

Pro Deo : Oui

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Qu’est-ce que la maltraitance dans un couple ?

La maltraitance dans un couple ne se limite pas à la violence physique. 

Lorsqu’un partenaire exerce une pression psychologique constante sur l’autre, par des paroles blessantes, du contrôle ou de la manipulation, on parle de violence psychologique

Elle peut exister dans toutes les formes de relation : mariée, pacsée, en concubinage ou même séparée.

Une violence invisible mais destructrice

Cette forme de maltraitance repose sur la répétition de comportements humiliants, menaçants ou déstabilisants, dans le but d’affaiblir l’autre ou de le soumettre. 

On y retrouve par exemple :

  • Les critiques constantes ou les moqueries rabaissantes
  • Le gaslighting : faire douter l’autre de sa perception ou de sa mémoire
  • Le contrôle des sorties, des finances, des communications
  • L’isolement social progressif (empêcher de voir ses proches)
  • Le chantage affectif ou les menaces voilées (« si tu pars, tu ne reverras plus les enfants »)

Ces violences sont souvent difficiles à déceler car elles s’installent progressivement et peuvent être banalisées, y compris par la victime elle-même.

Une infraction reconnue en Belgique

En Belgique, le harcèlement moral dans le couple est puni par la loi, même sans contact physique. 

Il peut s’agir d’un délit si les faits sont graves, répétés, et entraînent une atteinte à l’intégrité psychologique de la victime. 

La loi permet de porter plainte, de demander des mesures de protection, et de faire reconnaître la maltraitance dans le cadre d’un divorce ou d’une procédure familiale.

Comment reconnaître la maltraitance psychologique dans le couple ?

Identifier une maltraitance psychologique n’est pas toujours évident, surtout lorsqu’elle s’installe lentement dans la relation. La victime peut douter d’elle-même, se sentir coupable ou minimiser la gravité des faits.

Les comportements typiques de l’auteur de violences

Certains signes doivent alerter. L’auteur de maltraitance psychologique adopte souvent des attitudes récurrentes, comme :

  • Rabaisser constamment son/sa partenaire, seul(e) ou en public
  • Contrôler les moindres faits et gestes : appels, sorties, tenues vestimentaires
  • Isoler la victime de ses proches, sous prétexte qu’ils sont “toxiques” ou “envahissants”
  • Retourner les situations pour faire croire que la victime est responsable (“Tu m’obliges à réagir comme ça”)
  • Instaurer un climat de peur ou de tension permanent : haussement de ton, colère imprévisible, silence punitif

Les signes chez la victime

La maltraitance psychologique a des conséquences lourdes, même en l’absence de coups :

  • Perte progressive de confiance en soi
  • Peur d’exprimer ses opinions ou de dire non
  • Sentiment d’être constamment en faute
  • Anxiété, stress chronique, insomnies
  • Isolement social et professionnel
  • Impression de ne plus savoir ce qui est “normal”

Reconnaître ces signaux est une étape essentielle pour commencer à reprendre le contrôle de sa vie.

Comment prouver une maltraitance psychologique au sein d’un couple ?

Prouver la maltraitance psychologique est souvent complexe, car il s’agit d’actes invisibles, sans témoins, et rarement avoués par l’auteur. 

La justice belge ne demande pas une preuve unique, mais un faisceau d’indices cohérents. L’objectif est de démontrer la répétition, l’intention et les conséquences des faits.

Comment prouver une emprise psychologique ?

L’emprise se caractérise par une domination mentale progressive : la victime perd confiance en son jugement, devient dépendante de l’agresseur, et agit sous contrainte.
Pour prouver cela :

  • Conservez des messages où l’auteur décide à votre place ou vous interdit des actions
  • Tenez un journal des restrictions, humiliations, ou décisions imposées
  • Faites constater par un psychologue les effets de l’emprise (perte d’autonomie, confusion mentale)

Comment prouver une pression psychologique ?

La pression psychologique s’exerce souvent à travers le chantage affectif ou économique. Par exemple :

  • “Si tu me quittes, tu ne reverras plus les enfants”
  • “Si tu ne fais pas ça, je me fais du mal”

Pour prouver cela :

  • Conservez les SMS, notes vocales, e-mails
  • Demandez des attestations de personnes de confiance ayant observé ces comportements
  • Gardez des preuves de retraits de liberté ou de décisions imposées sous contrainte

Comment prouver que mon couple est victime de harcèlement moral ?

Le harcèlement moral repose sur la répétition d’agissements blessants qui altèrent la santé mentale de la victime. Il peut s’agir de :

  • Rabaissements réguliers
  • Dévalorisations continues
  • Observations humiliantes ou sarcasmes incessants

Prouvez-le en :

  • Collectant des exemples écrits (captures de messages, échanges conflictuels)
  • Consignant les faits dans un journal personnel, daté et régulier
  • Faisant constater l’état psychologique par un professionnel de la santé

Les preuves les plus utiles à collecter

Dans les affaires de maltraitance psychologique, il est essentiel de rassembler un maximum de preuves concrètes, variées et datées. 

Aucun élément isolé ne suffit à lui seul, mais un ensemble cohérent peut constituer un dossier solide.

Les témoignages de proches

Même si la violence est souvent cachée, certains proches peuvent remarquer un changement de comportement ou être témoins de propos déplacés.

  • Demandez-leur des attestations écrites, datées et signées.
  • Ces témoignages peuvent venir de membres de la famille, amis, collègues, voisins.

Les messages écrits ou vocaux

Les SMS, e-mails, messages vocaux ou échanges sur les réseaux sociaux sont des preuves précieuses. Ils peuvent révéler :

  • Des insultes ou menaces
  • Du chantage
  • Une volonté de contrôle ou d’isolement

Sauvegardez ces échanges hors du téléphone (captures d’écran, impressions, envoi à une adresse e-mail sécurisée).

Un journal personnel

Tenez un carnet de bord dans lequel vous notez régulièrement :

  • Les faits marquants (avec date et heure si possible)
  • Vos ressentis, réactions et conséquences
    Ce document peut être utile pour un psychologue, un avocat ou le juge.

Les certificats médicaux et rapports psychologiques

  • Un médecin peut constater une perte de poids, des troubles du sommeil, une anxiété sévère.
  • Un psychologue peut attester d’un état de stress, de dépression ou de perte d’estime de soi liés à la relation.

Ces documents ont une forte valeur probante dans une procédure.

Le constat d’huissier

Un huissier peut :

  • Constater l’état d’un logement (verrouillage, isolement)
  • Relever certains documents, messages ou éléments menaçants
    Son intervention donne une force légale supplémentaire aux éléments observés.

Comment dénoncer la maltraitance psychologique ?

Une fois que les signes sont identifiés et les premières preuves rassemblées, il est possible – et recommandé – de dénoncer les faits, que ce soit pour obtenir de l’aide ou pour engager des démarches juridiques.

Porter plainte

En Belgique, la maltraitance psychologique peut faire l’objet d’une plainte pour :

  • Harcèlement moral (article 442bis du Code pénal)
  • Violences conjugales au sens large (psychologiques, physiques, économiques)

Vous pouvez porter plainte :

  • Auprès de la police locale (en commissariat ou via un appel)
  • Directement auprès du parquet, par l’intermédiaire d’un avocat
  • Dans un centre de prise en charge des violences conjugales

La plainte peut entraîner l’ouverture d’une enquête et, si les faits sont confirmés, des mesures de protection ou des poursuites.

Demander une mesure d’éloignement

En cas de danger ou d’environnement menaçant, le juge peut :

  • Ordonner l’éviction du domicile de l’auteur présumé
  • Interdire tout contact avec la victime ou les enfants
    Ces mesures peuvent être demandées rapidement via un avocat.

Préserver sa sécurité

Avant de dénoncer les faits, il est parfois nécessaire de :

  • Préparer un plan de fuite sécurisé (affaires, argent, contacts)
  • Contacter une maison d’accueil ou un service d’aide
  • Confier les preuves à une personne de confiance

La priorité reste votre sécurité et celle des enfants éventuels.

Comment réagir en cas de maltraitance psychologique dans le couple ?

Réagir face à la maltraitance psychologique demande du courage, car la victime est souvent sous emprise ou dans un état de fragilité psychologique. 

Pourtant, des actions progressives peuvent être engagées, même lorsque la sortie du couple semble encore lointaine.

Prendre conscience de la situation

La première étape est de nommer ce que l’on vit. Ce n’est pas “juste des disputes” ou un “mauvais caractère” : c’est une violence. 

Reconnaître qu’il s’agit de maltraitance psychologique est indispensable pour envisager une sortie.

Parler à une personne de confiance

Restez le moins isolé(e) possible :

  • Confiez-vous à un proche, un collègue ou un professionnel
  • Appelez une ligne d’écoute spécialisée
  • Même une conversation peut briser l’isolement mental imposé par l’agresseur

Consulter un professionnel

Un psychologue ou un médecin peut vous aider à :

  • Poser des mots sur ce que vous vivez
  • Retrouver de la clarté
  • Établir des constats utiles (troubles, stress, anxiété)

Un professionnel de la santé peut également vous orienter vers des ressources juridiques ou sociales adaptées.

Préparer un départ en sécurité (si nécessaire)

Si la situation devient intenable ou dangereuse :

  • Identifiez un lieu sûr où vous pourriez aller (famille, ami, maison d’accueil)
  • Rassemblez vos documents importants et un peu d’argent liquide
  • Ne prévenez pas l’auteur des violences de vos intentions

Vous avez le droit de protéger votre intégrité mentale et de quitter un environnement destructeur, même sans preuve complète au départ.

Maltraitance psychologique dans le couple : quelles conséquences pour l’enfant ?

Même si la violence psychologique ne s’adresse pas directement à l’enfant, il en subit les effets, parfois dès le plus jeune âge. 

En Belgique, la loi reconnaît que l’exposition d’un enfant à des violences conjugales constitue une forme de maltraitance, même s’il n’en est pas la cible directe.

Un environnement toxique pour le développement

Un enfant qui vit dans un climat de tension permanente peut développer :

  • De l’anxiété ou des troubles du sommeil
  • Un repli sur soi ou, à l’inverse, une agressivité accrue
  • Des difficultés scolaires ou de concentration
  • Une perte de repères affectifs (normalisation de la violence)

Il peut aussi se sentir responsable des disputes, ou avoir peur de prendre parti, ce qui génère une grande confusion émotionnelle.

Le phénomène de reproduction

Les enfants exposés à de la violence dans leur foyer ont un risque plus élevé de reproduire ces schémas plus tard :

  • Soit comme victime (en acceptant des comportements similaires)
  • Soit comme auteur (en intégrant ces comportements comme “normaux”)

Le rôle du juge en cas de séparation

Lors d’un divorce ou d’une séparation, la maltraitance psychologique peut avoir un impact sur :

  • La fixation de la garde des enfants
  • Le droit de visite de l’auteur des violences
  • Les conditions du hébergement et de la communication

Le juge peut ordonner un encadrement des contacts, voire une suspension temporaire, s’il estime que le parent représente un danger psychologique pour l’enfant.

Comment un avocat peut-il aider en cas de maltraitance psychologique ?

Faire appel à un avocat n’est pas réservé aux situations extrêmes ou aux violences physiques. 

Dans les cas de maltraitance psychologique, un avocat peut jouer un rôle décisif, tant pour protéger la victime que pour faire reconnaître les faits devant la justice.

Écouter, conseiller, et protéger

Dès le premier rendez-vous, l’avocat peut :

  • Vous aider à mettre des mots juridiques sur ce que vous vivez
  • Évaluer les preuves déjà en votre possession
  • Vous orienter vers un dépôt de plainte, une procédure de séparation ou des mesures d’urgence

En cas d’urgence, il peut également solliciter rapidement :

  • Une ordonnance de protection
  • Une mesure d’éloignement du conjoint violent
  • Des dispositions provisoires pour protéger les enfants

Construire un dossier solide

L’avocat vous aide à :

  • Structurer votre dossier de preuves (témoignages, documents, certificats médicaux, etc.)
  • Rédiger des conclusions claires en cas de procédure
  • Anticiper la stratégie de défense de l’autre partie

Assurer votre défense lors d’une séparation ou d’un divorce

Dans une procédure familiale, l’avocat intervient pour :

  • Faire valoir l’existence des violences psychologiques
  • Obtenir une garde adaptée des enfants
  • Protéger vos droits sur le plan patrimonial (logement, finances, etc.)

L’aide juridique gratuite (avocat pro deo)

Si vos ressources sont limitées, vous pouvez bénéficier d’un avocat pro deo, totalement ou partiellement pris en charge.

De nombreuses victimes ignorent qu’elles y ont droit. Ce soutien juridique permet pourtant de ne pas rester seul(e) face à des procédures complexes et parfois intimidantes.

Les points à retenir

La maltraitance psychologique dans un couple est une réalité grave, encore trop souvent ignorée ou banalisée. Pourtant, elle détruit peu à peu l’équilibre mental, l’autonomie et la dignité de la personne qui la subit.

Même si cette forme de violence est difficile à prouver, il est possible d’agir. En identifiant les signes, en rassemblant des preuves et en s’entourant des bons soutiens (psychologues, avocats, associations), vous pouvez retrouver votre liberté et votre sécurité.

En Belgique, la justice reconnaît la violence psychologique comme un délit. N’attendez pas qu’elle devienne insupportable pour chercher de l’aide. Vous n’avez pas à prouver que vous souffrez pour avoir le droit d’être protégé(e).

FAQ – Maltraitance psychologique dans le couple

Peut-on porter plainte uniquement pour violence psychologique ?

Oui. La loi belge reconnaît le harcèlement moral et les violences psychologiques comme des infractions punissables. Il n’est pas nécessaire qu’il y ait violence physique pour engager des poursuites.

Quels types de preuves sont recevables ?

Les SMS, e-mails, messages vocaux, certificats médicaux, témoignages écrits, journaux personnels et constats d’huissier peuvent tous constituer des éléments de preuve. L’important est de démontrer la répétition et l’impact sur la victime.

Comment faire reconnaître l’emprise psychologique devant un juge ?

En apportant des éléments concrets qui montrent la domination mentale (interdictions, isolement, chantage, peur constante) et ses conséquences sur la santé mentale (via un rapport médical ou psychologique).

Que faire si je ne peux pas me permettre un avocat ?

Vous pouvez solliciter l’aide juridique gratuite (avocat pro deo), accessible selon vos revenus. Des associations spécialisées peuvent aussi vous accompagner dans vos démarches.

Et si je veux juste être écouté(e) avant d’agir ?

Il est tout à fait possible de parler à un médecin, un psychologue ou une ligne d’écoute sans oblig